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La trame verte et active, une alliée de notre santé

Aménager une trame verte et active est un des meilleurs moyens pour une ville d’améliorer durablement la santé de sa population. En effet, l’environnement dans lequel nous vivons influence grandement notre mode de vie. Il a un impact significatif sur nos habitudes de déplacement, de consommation, de socialisation. Reconnu comme un déterminant de la santé, notre milieu de vie peut ainsi faire varier notre niveau d’activité physique, l’impact des changements climatiques sur notre santé ou encore les iniquités d’accès aux milieux naturels et à leurs bienfaits.  Les trames vertes ont donc un potentiel énorme d’influencer positivement ces variations au profit de notre santé globale.

Mais c’est quoi une trame verte ?

C’est un concept en aménagement du territoire qui décrit une voie de circulation végétalisée qui relie plusieurs services essentiels et espaces verts d’un secteur, d’un quartier, d’une ville ou d’une région. Elle favorise le retour de la biodiversité. Bref, c’est des rues et chemins avec des arbres et de la verdure qui relient des parcs, des épiceries et des soins de santé entre eux.

Comment la rend-on active ?

La trame verte et active consiste à créer et à connecter des espaces naturels et des infrastructures de déplacement actif pour améliorer la qualité de vie des populations et protéger la biodiversité.

L’influence de l’environnement bâti sur notre mode de vie

Pour plusieurs d’entre nous, les milieux de vie dans lesquels nous naissons, grandissons, apprenons, jouons, travaillons et vieillissons ne sont pas toujours propices à la santé.  Il y a de nombreuses inégalités entre les différents milieux. De manière générale, en milieu urbain, les ménages à faibles revenus ont moins accès à des espaces verts et vivent dans des quartiers où la circulation automobile est plus dense. Ces facteurs ne sont pas favorables à l’adoption d’un mode de vie physiquement actif. 

En fait, il y a plusieurs éléments qui déterminent si l’environnement bâti est favorable ou non à l’activité physique (1) :

  1. Les éléments liés à l’organisation du territoire, c’est-à-dire la manière dont le sol est utilisé (habitations, commerces, espaces de travail, espaces verts) et le nombre d’activités réalisées dans ces espaces. Ils incluent également la liaison entre les différents réseaux de transport pour les piétons, les cyclistes et le transport en commun. 
  2. Les espaces verts et les infrastructures de loisirs. 

 

En d’autres mots, pour qu’un environnement soit dit favorable à l’activité physique, il faut que ce soit facile et accessible de marcher, de circuler à vélo, ou de prendre le transport en commun pour nous rendre à notre destination. Alors que l’on tend à développer nos milieux pour qu’ils soient favorables aux saines habitudes de vie et en cohérence avec la lutte et l’adaptation aux changements climatiques, la trame verte et active répond à un double objectif, soit de santé et d’environnement. 

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Promotion de l’activité physique

Les bienfaits de la trame verte pour la santé sont multiples, à commencer par la promotion de l’activité physique. Les espaces verts, et plus largement, les milieux naturels, offrent des occasions favorables à l’activité physique et au loisir en plein air (2). Il existe un lien fort entre la présence de verdure et la pratique d’activité physique. En milieu urbain, les espaces verts sont utilisés pour le transport actif tandis qu’en banlieue on les utilise pour les loisirs et des activités de plein air. C’est en faisant bouger la population que les espaces verts influencent directement la santé. En aménageant une trame verte et active, la municipalité facilite et sécurise les déplacements vers ces espaces publics en instaurant une continuité entre les parcs. Elle démocratise ainsi l’accès à la nature tout en inspirant un changement de comportement de sa population : elle permet aux citoyen-ne-s de délaisser l’auto au profit d’une marche vers un parc de proximité. 

La pratique régulière d’activité physique est un moyen efficace pour prévenir le risque de développer plusieurs problématiques de santé, et ce, à tous les âges. Sur le plan physique, elle peut aider à prévenir une panoplie de maladies chroniques, comme le diabète de type 2, les maladies du cœur et le cancer. Sur le plan psychologique, l’activité physique aide à maintenir une bonne santé mentale, permet d’améliorer le sommeil et de diminuer le stress (3).

Le saviez-vous ?

Des études démontrent que les enfants qui vivent dans les quartiers où se trouve un plus grand nombre de parcs, d’espaces verts et d’aires récréatives vont davantage s’engager dans le transport actif. Il existe un lien très fort entre la marche et le nombre d’espaces publics ouverts, comme les parcs et terrains de jeux, qui se trouvent à proximité.

Amélioration de la qualité de l’air

Alors qu’il est estimé que la pollution de l’air cause chaque année près de 4000 décès prématurés au Québec (4), le verdissement a le potentiel d’améliorer la qualité de l’air. Les arbres rendent plusieurs services à notre santé, ils absorbent les polluants tels que le dioxyde de carbone (CO2) et les particules fines.  De plus, ils nous fournissent en oxygène et nous protègent du soleil. En ville, les populations sont souvent exposées à des niveaux élevés de pollution de l’air. Une trame verte permet de réduire la pollution de l’air via la protection des arbres existants et via la plantation de nouveaux végétaux.

Amélioration de la santé mentale

La quantité d’espaces verts dans le milieu de vie influence la mortalité (toutes causes confondues), ainsi que la perception de l’état de santé général et mental (5). Passer du temps en nature permet de diminuer le stress, de réduire les symptômes de dépression, d’anxiété et d’améliorer la qualité de vie. La nature offre un refuge pour les moments de détente et de ressourcement.  

En réduisant la pollution sonore, la trame verte contribue à l’amélioration de la santé mentale en fournissant un environnement calme et apaisant. Un paysage naturel contribue à stimuler la créativité, la concentration, offrant ainsi des occasions de croissance personnelle et de développement intellectuel. Une trame verte encourage également les interactions sociales et devient un espace de rencontre convivial. En favorisant les déplacements actifs et les rencontres, une trame verte et active peut renforcer le sentiment d’appartenance des communautés à leur milieu de vie et par conséquent engendrer des mouvements d’entraide et une amélioration de la santé mentale .

Réduction des îlots de chaleur

En milieu urbain, les trames vertes peuvent aider à réduire les îlots de chaleur. Les forêts et les parcs ont un impact fort, mais la végétation à l’échelle de la rue a des bénéfices pour la santé (1).  En humidifiant et rafraîchissant leurs environs, les arbres agissent comme des climatiseurs naturels. L’augmentation de la canopée par le verdissement nous protège des rayons du soleil direct et de la chaleur. Cette fraîcheur est parfois essentielle pour nous permettre de maintenir nos activités en toute sécurité durant la période estivale, et ce, d’autant plus en contexte de dérèglement climatique. Plusieurs groupes de la population sont particulièrement vulnérables aux effets de la chaleur :  les enfants, les femmes enceintes, les personnes aînées, les personnes atteintes de maladies chroniques, entre autres.  Les trames vertes offrent donc un environnement plus confortable et réduisent les risques liés aux vagues de chaleur pour ces personnes. 

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Des bienfaits pour toutes les espèces

Des études indiquent que “la conservation de la biodiversité urbaine serait un investissement de santé publique” (6).  Les espaces verts favorisent la diversité biologique et contribuent à la préservation des écosystèmes, en offrant un habitat pour la faune et la flore locales. La trame verte contribue à relier des réservoirs de biodiversité, ces habitats fragmentés, à fournir des corridors écologiques pour les espèces mobiles, comme pour le papillon monarque, à encourager la pollinisation, améliorant la productivité agricole. Ces bienfaits se reflètent sur la santé humaine par l’obtention d’aliments nutritifs locaux, de médicaments dérivés de plantes et d’organismes naturels. 

De la même manière, on parle également de TVB, de trames vertes et bleues pour ce qui concerne le réseau aquatique. Les trames bleues sont un concept similaire aux trames vertes et actives, mais qui se concentrent sur la protection et la gestion des zones humides, des rivières, des lacs, des mers et des océans. La mise en place d’une trame bleue est effectuée selon un schéma directeur qui vise à identifier et à préserver les continuités écologiques et les corridors de biodiversité dans les milieux aquatiques. Ces schémas ou documents de planification stratégique sont élaborés à l’échelle régionale ou métropolitaine et définissent des objectifs de qualité de l’eau, de protection des habitats aquatiques et de restauration des zones humides.

Une pierre, trois coups

Les décideurs des municipalités et des autres paliers gouvernementaux ont tout intérêt à mettre en place des projets de trames vertes et actives en aménageant le territoire. Les espaces verts optimisés ont le potentiel de contribuer du même coup à la lutte à la crise climatique, à une meilleure santé et à l’équité, surtout si ces corridors sont aménagés au sein des quartiers défavorisés, qui en bénéficieraient le plus (7). Le tout est en parfaite adéquation avec les trois piliers du développement durable, soient les composantes sociale, environnementale et économique.

Créer des villes vivantes

Nature Québec mène le projet Pour des villes vivantes pour faciliter l’accès à la nature en ville et augmenter les déplacements actifs et assistés. Ceci passe notamment par:

  • la protection stricte des milieux naturels ;
  • la préservation de refuges pour la biodiversité ;
  • la mise en place d’un cadre de loi et d’une politique d’aménagement ambitieuse ;
  • une meilleure gestion des parcs existants et la planification d’un réseau pour assurer leurs continuités grâce à la création de nouvelles trames vertes.

Crédits

Révision : Guethvah Petit-Frère, Lucie Bédet
Rédaction :

Laurence Sauvé-Lévesque

Coordonnatrice principale du RASDQ

Références :

(1) Turner-Skoff et Caven

(1) – Robitaille, E. (2012). Portrait de l’environnement bâti et de l’environnement des services : un outil d’analyse pour améliorer les habitudes de vie. Direction du développement des individus et des communautés, INSPQ. 

(2) – Gouvernement du Québec. (2022). Améliorer sa santé grâce à l’activité physique.

(3) – Beaudoin, M., Levasseur, M.-E. (2017). Verdir les villes pour la santé de la population. INSPQ.

(4) – Gouvernement du Canada, Les impacts sur la santé de la pollution de l’air au Canada : Estimation de la morbidité et des décès prématurés – rapport 2021.

(5) – Barton J, Rogerson M. The importance of greenspace for mental health. BJPsych Int. 2017 Nov 1;14(4):79-81. Doi: 10.1192/s2056474000002051. PMID: 29093955; PMCID: PMC5663018.

(6) – Marselle, M. R., Lindley, S. J., Cook, P. A., & Bonn, A. (2021). Biodiversity and Health in the Urban Environment. Current environmental health reports, 8(2), 146–156. 

(7) – The 2021 report of the Lancet Countdown on health and climate change: code red for a healthy future – The Lancet