L’approche 3-30-300 pour des villes plus saines, plus vertes et plus équitables
Les défis mondiaux, le réchauffement climatique et la pandémie de COVID-19 ont accru la prise de conscience de l’importance des arbres et des espaces verts urbains de proximité. En urbanisme et aménagement du territoire, l’approche 3-30-300 permet de lutter contre le déficit nature de façon équitable et aide la nature à retrouver durablement sa place dans les villes.
Les arbres en ville sont non seulement reconnus pour leur valeur esthétique mais sont désormais considérés comme des infrastructures naturelles indispensables pour la santé. Effectivement, en plus de leur pouvoir dépolluant, rafraîchissant et protecteur, de nombreuses études démontrent qu’ils augmentent le mieux-être physique et mental des résidents. Incontestablement, les arbres sont de véritables alliés des villes pour s’adapter aux changements
Qu’est-ce que l’approche 3-30-300 ?
L’urgence de verdir nos villes et nos quartiers a poussé Dr Cecil Konijnendijk à introduire en février 2021 l’approche 3-30-300 (1). Chaque résident devrait :
Voir au minimum
3 arbres
Se déplacer dans des quartiers avec 30 % de couvert arboré
Vivre à moins de 300 mètres d'un espace vert
Cette solution basée sur la nature est fondée sur des données ponctuelles probantes dans le but d’avoir des villes plus résilientes, plus équitables, plus saines et plus vertes. C’est également un outil simple à mettre en œuvre et à contrôler qui permet aux décideurs urbains d’accomplir cette mission.
L’approche 3-30-300 se focalise sur le besoin crucial d’intégrer les éléments naturels dans notre cadre de vie immédiat étant donné leur bénéfices importants pour notre santé et notre mieux-être. Sa pertinence et la simplicité de sa compréhension ont suscité l’intérêt ainsi, cette approche fut adoptée par plusieurs villes à travers le monde.
Voir au minimum 3 arbres depuis son domicile
L’approche 3-30-300 commence par la recommandation d’avoir 3 arbres visibles depuis chaque domicile. Des recherches récentes révèlent l’importance du contact visuel avec la nature pour la santé mentale. En effet, l’exposition à la nature se révèle utile pour soulager le stress, restaurer l’esprit et améliorer l’humeur. Ces effets peuvent être conscients, dans le sens où nous trouvons simplement la nature visuellement attrayante ; ou inconscients, son absence nous indiquant un environnement risqué et pouvant amener notre cerveau à induire des réactions stressantes. L’approche 3-30-300 exige que chaque citoyen devrait pouvoir voir au moins 3 arbres de taille décente depuis son domicile, son école et son lieu de travail.
Et les politiques de l’arbre devraient aller dans ce sens. Au niveau international, une municipalité danoise exige que ses habitants doivent voir au moins un arbre depuis chez eux. Cela est bénéfique pour les populations et pour la biodiversité urbaine.
Se déplacer dans des quartiers avec 30 % de couvert arboré
Pas moins de 30 % de couverture de canopée dans chaque quartier : c’est ce qu’exige l’approche 3-30-300 pour les stratégies d’urbanisme en milieu urbain. Les résultats de recherches menées en Australie suggèrent qu’un minimum de 30% de couverture de canopée est nécessaire pour que les arbres jouent leur rôle dans l’amélioration de la santé globale des citoyens de la zone urbaine ciblée. En effet, les quartiers plus verdoyants encouragent les gens à passer plus de temps à l’extérieur et à interagir, ce qui est bénéfique pour la santé sociale. C’est également bénéfique pour la santé mentale et physique puisqu’une canopée conséquente réduit la pollution de l’air et le bruit et lutte contre les îlots de chaleur. 30% de couvert arboré dans tous les quartiers, c’est bien, mais ça ne suffit pas. L’approche 3-30-300 encourage les villes à s’efforcer d’obtenir des couvertures de canopée plus élevées que 30% dès lors que cela est possible.
Vivre à moins de 300 mètres d’un espace vert
Chaque personne devrait avoir un domicile à moins de 300 mètres d’un parc ou de l’espace vert le plus proche. Cette donnée se base sur une recommandation du bureau régional européen de l’Organisation Mondiale de la Santé d’avoir un espace vert d’un hectare à 300 mètres de la maison. L’approche 3-30-300 se focalise sur la possibilité de se rendre dans un ou plusieurs espaces verts, mais ne prend pas en compte la superficie de ceux-ci. Ces 300 mètres équivalent à une promenade d’environ 5 à 10 minutes à pied en partant du domicile. Nous recommandons que cette nature de proximité soit facilement accessible pour toutes et tous, que les trames pour s’y rendre ne présentent aucun risque et que les milieux naturels favorisent la pratique de diverses activités physiques et de loisirs pour stimuler les interactions sociales, bénéficier à la santé physique, mentale et le mieux-être des populations.
Du concept à l’action
L’approche 3-3-300 fournit aux décideurs locaux des moyens simples d’évaluation de mise en œuvre et de suivi de verdissement et d’adaptation aux changements climatiques. Mais elle est plus qu’un concept destiné aux municipalités. C’est aussi une approche qui permet aux citoyens de mesurer facilement la qualité environnementale de leur cadre de vie.
L’approche 3-30-300 permettrait non seulement d’améliorer le bien-être de la population, mais elle réduirait également les inégalités d’accès aux espaces verts auxquelles sont confrontés les résidents des quartiers à faibles revenus et les communautés racialisées. Avec ses impacts positifs reconnus sur la santé, sur la biodiversité et sur l’environnement, l’approche 3-30-300 a un fort potentiel. Le moment est venu d’entamer cette conversation avec votre municipalité et vos élus.
Un exemple concret: le projet Pour des villes vivantes
À la croisée du social et de l’environnemental, le projet Pour des villes vivantes a pour objectif de faciliter l’accès à la nature en ville et d’augmenter les déplacements actifs et assistés. Ce sont les trajets faits à pied, à vélo, en fauteuil roulant, en quadriporteur, en patins à roulettes ou en skateboard. Comment allons-nous faire cela ? En consultant la population, les organismes communautaires, le monde de la recherche et de la santé pour établir des recommandations pour créer des trames vertes inclusives, des chemins marchables ou des pistes cyclables entourés de végétaux qui relient plusieurs parcs entre eux et qui sont accessibles à tous et toutes.
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